Les communautés aquatiques des broméliacées

Racinea penlandii, arbre LOT02, PN Yanachaga-Chemillén, Pérou. ©LOT FDD-Biotope ISNB Charlie Delhumeau

La plupart des broméliacées épiphytes retiennent de l’eau à l’insertion de leurs feuilles, formant ainsi un mini-écosystème aquatique suspendu. La plante puise ses nutriments depuis ces réservoirs à la base de chaque feuille, ses racines ne lui servant qu’à se fixer sur l’arbre support.

 

Dans chacun de ces petits réservoirs, des feuilles mortes tombées des hautes branches de l’arbre support s’accumulent et se décomposent sous l’action de microorganismes et de petits invertébrés détritivores. C’est grâce à eux que les feuilles sont ainsi transformées jusqu’au stade ultime de sels minéraux, alors disponibles pour la plante elle-même. On peut donc parler d’une véritable association mutualiste entre la plante qui offre un habitat aquatique à cette microfaune et cette dernière qui lui procure en retour un nutriment rare, l’azote minéral, tant convoitée par la plante.

Broméliacées de l'arbre LOT02, PN Yanachaga-Chemillén, Pérou. ©LOT FDD-Biotope ISNB Charlie Delhumeau
Collecte de broméliacées dans la partie sommitale du houppier, Arbre LOT01, PN Rio Abiseo, Pérou. ©LOT FDD-Biotope ISNB Maurice Leponce
Broméliacées dans l'arbre LOT02, PN Yanachaga-Chemillén, Pérou. ©LOT FDD-Biotope ISNB Charlie Delhumeau

Si les communautés aquatiques des broméliacées à réservoirs présentes en sous-bois sont relativement bien étudiées, celles de la canopée n’ont jamais fait l’objet d’études approfondies. Une méthode d’étude assez complète a pu être appliquée dans le programme Life On Trees pour chacun de ces mini- écosystèmes aquatiques afin d’optimiser au mieux l’inventaire de tous les organismes vivants de ces petites mares suspendues dans les plus hautes parties de l’arbre.

 

Sur l’ensemble des trois arbres, les contenus de dizaines de broméliacées ont été prélevé et ramené au camp de base. Cette eau a ensuite été traitée et filtrée sur le terrain pour en extraire les différents organismes.

Larve Culicidae (insecte, diptère) trouvée dans une broméliacée de l’arbre LOT02, RN Yanachaga-Chemillén, Pérou ©LOT FDD-Biotope ISNB Jean François Carrias
Broméliacées de l'arbre LOT02, PN Yanachaga-Chemillén, Pérou. ©LOT FDD-Biotope ISNB Charlie Delhumeau

Plusieurs centaines d’échantillons ont été conditionnés. Une partie sera analysée pour inventorier l’ensemble des petits organismes aquatiques (protistes, rotifères, nématodes, etc.) à la fois par des méthodes de microscopie et des méthodes d’analyse de leur ADN. Les échantillons conditionnés pour les invertébrés seront analysés par un spécialiste des invertébrés aquatiques. L’ADN environnemental ciblant les vertébrés (amphibiens, reptiles, mammifères et oiseaux) sera analysé à partir de la matière organique sédimentée dans les puits des broméliacées. Les premiers résultats d’ADN environnemental ont donné des résultats probants, avec des traces d’ADN d’oiseaux, de mammifères et d’amphibiens ; des espèces qui, pour la plupart, sont difficiles à repérer par des méthodes plus classiques.

 

Grâce à l’ensemble de ces protocoles, nous espérons inventorier de façon la plus complète l’ensemble de la biodiversité eucaryote associée aux broméliacées des arbres d’étude, allant des plus petits eucaryotes unicellulaires comme les paramécies, aux plus grands mammifères qui fréquentent régulièrement les canopées pour s’y nourrir.

Arbre LOT01, PN Rio Abiseo, Pérou. ©LOT FDD-Biotope ISNB Bertrand Delapierre
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